Nordeste : Marajó à dos de buffles

20 juin, 2017

Quand j’ai dit à mon fils Théo que je partais à la découverte d’une île peuplée de buffles, il m’a regardé avec de grands yeux pleins d’admiration et m’a dit que j’étais très courageux …

C’est donc rempli de courage et bien excité que j’ai pris l’avion en direction de Belém, capitale de l’état du Pará (Nord du Brésil).

De là je me rendrai sur Marajó, une île de la taille de la Suisse dans le delta du plus grand fleuve du monde : l’Amazone. Une île peuplée de buffles, donc.

Carte île de Marajó - Nordeste Brésil

J’arrive à Belém tôt le matin et suis immédiatement plongé dans l’humidité et la moiteur tropicale caractéristiques des régions amazoniennes.

Le taxista me salue d’un “Bem-vindo” chaleureux et après une discussion enjouée sur les charmes de sa ville, il me dépose à la pousada que j’ai retenue.

Je dépose mes affaires et repart tout de suite pour le Ver-O-Peso, plus grand marché en plein air d’Amérique Latine.

Les commerçants se répartissent en secteurs qui sont de véritables quartiers : les poissons, les viandes, les petits restaurants, les potions à bases de plantes médicinales, les habits, les jus….une ville dans la ville.

Marché Ver-O-Peso - BelémMarché Ver-O-Peso – Belém

Je me balade dans les allées en observant tous les vendeurs qui alpaguent le client chaleureusement et où se mélangent les odeurs d’ananas frais et de poissons fraichement pêchés. Toute cette nourriture m’ouvre l’appétit, d’autant que le temps a filé et c’est déjà l’heure du déjeuner.

Ver-O-Peso à Belém, le plus grand marché d'Amérique LatineVer-O-Peso à Belém, le plus grand marché d’Amérique Latine

Je choisis au hasard une échoppe avec vue sur le fleuve et déguste mon premier plat typique de la région : açai com peixe (poisson à l’açai).

L’açai est une baie noire issue d’Amazonie qui est devenue depuis quelque temps très prisée par les Brésiliens pour ses vertues antioxydantes.

Si dans le reste du Brésil on le consomme sous forme de sorbet sucré avec des fruits le plus souvent, je découvre dans cette région que c’est l’accompagnement salé pour des plats avec poissons… et c’est délicieux !

Je continue ma découverte de la ville et notamment le Teatro da Paz, le plus grand théatre du Nord du Brésil construit en 1870 grâce aux revenus tirés de l’exportation du caoutchouc, qui était la grande affaire de Belém.

Pendant cette période, les bateaux partaient d’ici pleins de caoutchouc et revenaient chargés de pierres et autre matériel de construction, une combine qui leur revenait moins cher que s’ils s’étaient fournis au Brésil.

Port de BelémPort de Belém

Outre les matérieux, c’est aussi la mode architecturale qu’on a importé du vieux continent, et on retrouve en ville de nombreux bâtiments construits sur le modèle européen.

Je finis ma journée en admirant le coucher du soleil depuis la Estação das Docas, anciens docks réaménagés avec de nombreux bars, restaurants et glaciers.

Coucher de soleil à BelémCoucher de soleil à Belém

Après une bonne nuit de sommeil, départ pour la fameuse île de Marajó en ferry.

Je m’installe tranquillement en dégustant un café et une tapioca en guise de petit-déjeuner, il fait beau… pour le moment.

En effet dans cette région le climat change très vite : après deux heures de navigation des nuages se rapprochent, menaçants, avant de se crever en averse tropicale. En 5 minutes à bord, tout le monde s’agite en rigolant pour éviter de se faire tremper.

Une fois les bâches installées et que tout le monde essaye tant bien que mal de se sécher, on se réchauffe en regardant le match de foot amical Brésil – Chili.

Le Brésil gagne et le soleil revient, ça tombe bien on arrive !

Jedilson, mon contact local, m’attend avec son véhicule flambant neuf.

Nous partons en direction de Salvaterra, petite ville avec peu d’intérêt mais qui me permet de découvrir une attraction inattendue de cette île : de superbes plages de sable blanc …

Plusieurs fois pendant le séjour j’aurai l’occasion de me retrouver sur ces plages, la plupart du temps désertes.

Plage à MarajóPlage à Marajó

Puis, nous prenons un bac pour traverser un fleuve de l’île en direction de Soure, la “capitale” de Marajó.

Jedilson m’explique qu’il est plus intéressant d’envoyer nos clients dans une fazenda en pleine nature, mais malheureusement celle-ci est fermée car nous sommes en basse saison, je ne pourrai donc pas la visiter.

Mais il me rassure en me présentant le programme qu’il m’a concocté et qui me permettra de découvrir toutes les facettes de l’île en pratiquant les mêmes activités qu’à la fazenda.

Nous finissons la journée en visitant les hôtels proches de Soure.

Je visite tout d’abord le Casarão da Amazonia. Une vieille bâtisse achetée et complétement restaurée par un Italien.

Il me raconte avec passion comment il a acheté une ruine pour la reconstruire patiemment et en faire cet hôtel et sa maison.

Puis je continue mes visites par des hôtels sans intérêt avant de découvrir une jolie pousada tenue par le souriant Senhor Lima qui me fait visiter son paradis située au bord de la rivière. Les chambres sont simples mais c’est en pleine nature et l’accueil est chaleureux : ce sera une bonne option pour les familles.

Terminus du jour, la charmante pousada Canto do Francês, où je passerai la nuit.

Début de soirée, nous savourons une “cerveja bem gelada” (bière bien fraîche) avec Jedilson qui se fait bavard.

Il me raconte comment il a appris le français seul en écoutant les clients, comment il aimerait faire découvrir une autre région de son île aux touristes.

Nous décidons alors de dessiner un nouveau circuit : nous échangeons, son expérience du lieu Vs mon expérience de l’organisation de programmes, et nous commençons à élaborer un circuit “Marajó Authentique”.

Encore quelques détails à affiner et vous le verrez bientôt sur notre site.

7h00 du matin, nous partons sous une pluie battante en direction de la Fazenda São Jeronimo où nous attend Brito, le propriétaire.

Malgré la pluie nous partons sur le sentier de la fazenda, d’abord à pied dans la jungle, puis en canoé dans un igarapê (bras mort d’un cours d’eau), et enfin en buffle !

IgarapêIgarapê

Jedilson me guideJedilson me guide

A dos de buffle à MarajóA dos de buffle à Marajó

Incroyable sensation que de monter sur cette bête puissante. Juché sur le dos du monstre, je comprends pourquoi il est omniprésent : c’est un véritable tracteur qui passe partout, aussi bien dans 1 mètre d’eau que dans 30 cm de boue épaisse.

Trempé jusqu’aux os, nous arrivons chez Brito qui nous attend avec un café au lait de buffle et une cachaça (alcool de canne) caseira (faite à la maison). Il est bien un peu tôt, mais je ne veux pas vexer mon hôte, aussi je trempe mes lèvres dans l’eau de vie et en avale une rasade. Rude, rude …

Je suis quand même vite réchauffé, et Brito m’annonce fièrement qu’il est passé à la télé française, dans un reportage qu’il tient absolument à me montrer (à voir en ligne ici > Echappées Belles – Belem)

Nous nous installons face à son écran géant, Brito lance l’enregistrement et me sert d’autorité un deuxième verre de cachaça, malheur …

Je ferai semblant de l’apprécier mais je crois que je ne trompe personne.

Je prends congé de Brito et continue en direction d’un atelier de poterie traditionnelle.

Rodney le propriétaire est très impliqué dans la perpétuation des traditions et de la culture locale.

Son projet est simple, il apprend aux jeunes de l’île à créer des poteries traditionnelles qu’il leur achète pour les vendre ensuite aux visiteurs.

Son objectif est à la fois revaloriser la culture et les traditions locales, et de créer une source de revenus pour les insulaires.

Et ça marche, les poteries se vendent très bien et les jeunes sont fiers de participer à ce projet.

Rodney le potierRodney le potier

L’heure du déjeuner approche et dans cette région où la gastronomie est riche, je demande à Jedilson de me faire découvrir un autre plat local.

On commençe à se connaître un peu et il rigole en me disant qu’il a ce qu’il me faut.

Nous arrivons dans un petit restaurant où est écrit partout : tacacá.

Le nom m’inquiète déjà un peu, mais je fais confiance à Jedilson et le restaurant est plein, plutôt bon signe non ?

On s’asseoit à une table et il revient avec deux grands bols de soupe où flottent des crevettes, une sorte d’épinard du nom de jambu (cresson du Pará) et d’autres herbes.

Je prends une première cuillère et rapidement je sens mes lèvres anesthésiées …

Mon visage doit montrer ma surprise puisque Jedilson éclate de rire.

Cette première impression passée j’engloutis le reste avec gourmandise.

Nous passerons tout l’après-midi à la fazenda Bom Jesus, où les paysages sont totalement différents de ce que j’ai vu jusqu’à présent. On observera des guaras (des ibis d’un rouge vif) et de nombreux autres oiseaux.

GarçaGarça

Jedilson me racontera la légende selon laquelle les buffles sont arrivés sur l’île à la nage suite à la suite du naufrage du bateau qui les transportait … et maintenant on dit qu’il y a 3 buffles par habitant !

Le lendamain installé sur le bateau de retour vers Belém, je me dis que le Brésil est vraiment incroyable… si je m’attendais à découvrir une île peuplée de buffles et bordée de plages paradisiaques…

Surprenant Brésil…

Retrouvez en ligne le circuit Mythique Amazonie : Belém, Marajó & Manaus et aussi le séjour Paradis Vert dans le Nordeste.

Contactez Thomas pour plus d’infos sur ce voyage.